Dans un salon d’avant la Révolution française, ou un bunker d’après la troisième guerre mondiale, la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont jouent à rejouer leur relation passionnelle et les intrigues érotiques qui ont conduit au sacrifice de Cécile Volanges et de la Présidente de Tourvel. Un carrousel de quatre personnages pour deux interprètes se livrant à un vertigineux jeu de massacre, interprétés par les magnifiques Hélène Alexandridis et Stanislas Nordey. Un duo qui devient quatuor pour souffler sur les braises de leurs «désirs en décomposition», pour s’y brûler une dernière fois avant de disparaître…
Quartett est un diamant brut, aux arêtes vives et brillantes. Un précipité, au sens chimique du terme, des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Valmont et Merteuil s’y livrent un ultime combat, telle une partie d’échecs, qui déploie tous les artifices du mensonge et de l’illusion pour parvenir à la vérité impitoyable du pouvoir et du désir. Leur vitalité et un humour souvent cinglant hissent leurs affrontements à des sommets de jubilation sensuelle et cérébrale. Hélène Alexandridis est intuitive et réactive, quand Stanislas Nordey cultive sa vision aiguë du texte et une élocution à la précision extrême. Avec sa présence aussi discrète que magnétique, le musicien Alexandre Meyer écoute, regarde, puis prolonge le geste et le verbe. Sa guitare amplifie, et parfois distord les sensations. Une corrida métaphysique, un jeu de masques flamboyant et vertigineux nourri par la joie sauvage d’aller, cette fois, jusqu’au bout.