Il n'y a pas de Ajar, monologue contre l'identité

Delphine Horvilleur est rabbin, autrice, conteuse, mère, mais pas que… Avec sa première pièce de théâtre, elle repousse les limites, pour convoquer plus grand que soi, pour faire surgir autre chose que ce que nous croyons être. Elle nous invite à s’exiler de nous-même, contre les assignations communautaires, les obsessions identitaires, et tout ce qui nous enferme avec «les nôtres» ! Un homme détient la clé, et cet homme s’appelle Abraham Ajar.

En février 1981, Émile Ajar, auteur du Goncourt 1975, n’est plus ! Derrière la plus grande mystification littéraire du siècle se cachait l’écrivain Romain Gary, qui avec sa mort a également rayé d’un trait la vie fictive d’Émile Ajar. Romain Gary a créé Emile Ajar. Delphine Horvilleur a mis au monde Abraham Ajar, son fils imaginaire. La comédienne Johanna Nizard qui l’incarne est un vrai caméléon sur scène, et se transforme en mille personnages sous nos yeux. Tous les âges et visages peuvent s’inviter : tantôt vieillard, tantôt jeune homme, tantôt femme guerrière, tantôt être indéfinissable, elle nous tient en haleine avec sa performance subjuguante. Par un texte fin comme une dentelle, un seule en scène remarquable, une lucidité désarmante et un franc parler sans concession, Abraham Ajar incarne et interroge la notion d’identité et de tous les pièges qui en découlent. Une forme qui interpelle, provoque et critique de manière ouverte notre société. En bref, ce «monologue contre l’identité» à la fois drôle, insolent et attachant est un grand moment de théâtre virtuose !